Hortense Belhôte, trublionne
Hortense Belhôte interroge l’histoire et l’histoire de l’art à travers des performances savantes, décalées et féministes. Elle présentera le 19 mars au Palais son Histoire du Football féminin.
Dans un salon d’épilation, elle décortiquait la puissance érotique de L’Origine du monde, de Courbet. Décryptait derrière le comptoir d’un kebab Judith décapitant Holopherne d’Artemisia Gentileschi, femme peintre longtemps oubliée. Avec 120 millions de vues pour la première saison, Hortense Belhôte, autrice et interprète de Merci de ne pas toucher, est devenue la prof d’histoire de l’art préférée des Français. Dans cette websérie diffusée par ARTE, elle proposait une relecture subversive, savante et ludique des chefs d’œuvre de la peinture classique. La chaîne lui a passé commande après l’avoir repérée au Festival du film de fesses en 2019. La jeune femme y faisait un cours sur l’érotisme dans l’art classique tout en s’effeuillant sur scène. Un solo performé devenu sa marque de fabrique et qu’elle a baptisé « conférence spectaculaire ».
« C’est un format qui réunit mes deux parcours : prof d’histoire de l’art et comédienne » explique la jeune femme d’origine parisienne. Après un Master 2 en histoire de l’art à Nanterre et du théâtre au conservatoire du XIXe arrondissement, la trentenaire a longtemps jonglé entre le cinéma, le théâtre et l’enseignement de l’histoire de l’art. Aujourd’hui, grâce à la visibilité apportée par la websérie, elle se consacre aux conférences spectaculaires qu’elle donne partout en France, souvent sur commande, de lycées en salles de spectacles, à la ville comme à la campagne.
Qu’elle évoque la montagne, les oubliés de la Révolution française ou l’Angélus de Millet, Hortense Belhôte transmet des savoirs avec un regard critique et décalé, queer, féministe et libertaire. « Je mêle la ‘grande’ culture, la pop culture et des références autobiographiques. J’invite le public à questionner nos références et dominations culturelles, je donne des clefs pour qu’il se sente légitime à conduire lui-même cette critique ». L’ancienne prof goûte tout particulièrement ses interventions dans les collèges et lycées : « Le format me permet de nouer facilement des échanges assez dingues sur les rapports hommes-femmes ou l’homosexualité ».
Le 19 mars, dans le cadre du Grand Festival, Hortense Belhôte sera au Palais pour une conférence spectaculaire de 50 minutes sur l’histoire du football féminin. « J’avais été sollicitée en 2019 pour Footballeuses du chorégraphe Michaël Phelippeau, qui démontait les clichés sur le sujet. Et cela m’a donné l’idée de cette performance, ma toute première du genre ». Tour à tour arbitre et commentatrice, Hortense Belhôte y raconte la structuration de ce sport depuis 1919 et la création du premier championnat de France. Digresse sur son expérience dans le club de football les Dégommeuses « pour montrer que les phénomènes historiques et culturels nous imprègnent et nous constituent aussi à titre individuel ».
Ce sera la centième représentation de cette Histoire du football féminin. L’autre actualité de l’artiste, de plus en plus sollicitée, c’est un « escape game » créé pour le musée d’Orsay. Depuis janvier dernier et jusqu’en avril, Hortense Belhôte invite le public à cette « chasse aux trésors moderne ». Il revisite en sa compagnie quelques œuvres emblématiques du XIXe siècle, interrogeant le rôle des peintres orientalistes en pleine période d’expansion coloniale ou la faible notoriété des artistes femmes.