Ça bouge à l'Aquarium

Les aquariums jouent un rôle clé en termes de conservation

Le directeur de l'Aquarium tropical répond à 4 questions autour de l'exposition Il faut sauver le Joba Mena. Enquête à Madagascar.

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Brian Zimmerman et Charles-Edouard Fusari devant l'affiche de l'exposition Il faut sauver le Joba Mena : Enquête à Madagascra
Brian Zimmerman, directeur science et conservation au Zoo de Bristol et Charles-Edouard Fusari, directeur de l’Aquarium tropical, commissaires de l'exposition "Il faut sauver le Joba Mena : enquête à Madagascar".
Photo : Cyril Zannettacci © Palais de la Porte Dorée

Pouvez-vous nous raconter comment cette aventure a commencé ?

C.-E. F. : L’aventure a commencé en 2012 suite à un inventaire des populations de poissons d’eau douce malgaches en captivité dans les institutions zoologiques européennes. Il s’agit d’espèces sensibles car elles sont menacées d’extinction dans leur milieu, il est donc nécessaire de garder un œil sur les populations captives. Les résultats de cet inventaire ont mis en évidence une espèce, le Joba Mena, en danger critique d’extinction, pour laquelle il ne restait que 3 mâles et 1 femelle en captivité, et pour laquelle bon nombre d’indices laissaient penser qu’il ne restait plus rien à l’état sauvage. L’enquête s’est emballée après la mort de l’unique femelle lors d’une tentative désespérée de reproduction.

Qu’illustre cette grande enquête sur le rôle des zoos et aquariums ?

C.-E. F. : Sous une forme ludique et immersive, l'exposition Il faut sauver le Joba Mena. Enquête à Madagascar rappelle que ces institutions jouent un rôle clé en termes de conservation. De nombreuses espèces, surtout en eau douce, sont menacées de disparition. Pour celles-ci, mon souhait est d’inscrire l’Aquarium tropical dans le réseau des établissements qui élèvent des populations dites de secours. Malheureusement éteintes à l’état sauvage pour certaines, ces espèces seront main-tenues dans notre établissement en attendant que les conditions dans leur milieu naturel s’améliorent.  À travers le monde les zoos, aquariums mais également aquariophiles spécialisés, s’organisent de plus en plus pour mettre leur compétences et infrastructures au service de la sauvegarde du vivant. Au sein de l’Aquarium tropical nous nous engageons ainsi pour la sauvegarde des poissons d’eau douce et bientôt pour celles des coraux.

Que montre cette exposition sur la fragilité des écosystèmes plus que jamais d’actualité ?

C.-E. F. : Cette exposition rappelle l’extrême fragilité des milieux d’eau douce, menacés notamment par la pollution, la surexploitation, la perte d’habitat et l’introduction d’espèces invasives. Nous sommes très dépendants de ces écosystèmes. Les lacs et rivières ne représentent qu’1 % de la surface terrestre mais elles abritent 12 % des espèces animales et végétales.

L’Aquarium s’engage aussi sur le terrain comme avec le projet Fish Net Madagascar dont l’exposition est le point de départ. En quoi consiste cette collaboration ?

C.-E. F. : Né en 2013, ce projet vise à préserver les espèces endémiques d’une rivière malgache reconnue comme un espace clé pour la biodiversité. L’Aquarium a rejoint ce projet en apportant une aide scientifique, technique et financière. Outre les compétences des aquariologistes dans le relevé de paramètres environnementaux et la gestion de populations aquatiques, ce projet associe entre autres, des laboratoires universitaires qui surveillent la qualité des populations piscicoles et de leur habitat et des ONG malgaches pour travailler en partenariat avec les populations locales.