Raphaël Barontini, artiste plasticien
Il est l’un des artistes invités à revisiter le Palais pour L’Envers du décor #8, les 7 et 8 février. Au travers de son travail pictural, il réimagine la représentation de figures oubliées de la lutte abolitionniste.
Changer le regard sur une institution patrimoniale telle que le Palais : pour vous, est-ce une opportunité ou une nécessité ?
Raphaël Barontini : Les deux. Un lieu tel que le Palais a une certaine ambivalence : il possède à la fois une architecture riche et représente néanmoins une période difficile de l’histoire de France. Pour lui donner une seconde vie, l’intervention des artistes, par les questionnements qu’ils engendrent, me semble une nécessité. Leur travail crée un lieu de dialogue pour interroger le passé avec un regard contemporain. C’est pourquoi, même si l’architecture et les volumes sont impressionnants, l’intervention artistique se doit de questionner le lieu. Alors bien sûr, ce genre d’invitation à revisiter un tel édifice patrimonial, comme je l’ai fait l’an dernier au Panthéon pour le 230e anniversaire de la première abolition de l’esclavage, peut être périlleux. On peut se poser la question, en amont, de la liberté dont on bénéficiera ou d’une éventuelle récupération politique. Mais pour un artiste, c’est l’opportunité de faire avancer un débat et de toucher des publics différents, notamment des jeunes.
Une partie de votre travail consiste à faire réémerger des figures oubliées des luttes contre l’esclavage. Comment travaillez-vous ?
R.B. : Je me considère avant tout comme un peintre et un portraitiste. La peinture comme ressource visuelle, plastique et pour ce qu’elle raconte de son époque me passionne. L’histoire également. Mon travail consiste à inventer de nouvelles narrations à partir de collages combinant la photographie, la peinture, l’impression textile. Avec l’objectif d’interroger la représentation du pouvoir et d’inverser la symbolique initiale d’œuvres d’art. Cela m’amène aussi à reconstituer des réalités historiques qui n’ont pas eu de représentation dans l’histoire de l’art. Je donne par exemple un visage à des figures historiques de résistance, comme Solitude en Guadeloupe, Anchaing et Heva à La Réunion et Claire en Guyane.
Qu’allez-vous proposer aux visiteurs de L’Envers du décor ?
R.B. : J’ai réalisé il y a quelques années des collages numériques pour le décor d’une création musicale de Mike Ladd. C’est un ami musicien et poète américain avec lequel nous partageons des centres d’intérêt commun comme l’histoire des peuples afro-descendants et la créolisation culturelle survenue aux Amériques. Pour L’Envers du décor, Mike Ladd rejouera sa création Sea Shanties bâtie autour de chants de marins noirs du XIXe siècle et mes collages numériques seront projetés.
Rendez-vous à L'Envers du décor #8 le vendredi 7 et le samedi 8 février 2025 au Palais de la Porte Dorée pour découvrir l’œuvre de Rapahël Barontini.