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Cinéma autour de Banlieues chéries

Grâce à la plateforme Tënk, prolongez l'exposition Banlieues chéries en regardant des films qui donnent à entendre d'autres voix venues des périphéries. Le 14 mai au Palais, une soirée est dédiée à l'amour en banlieues et jusqu'au 1er août, retrouvez en ligne 5 courts métrages documentaires.

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Legende

Chronique d'une banlieue ordinaire. Dominique Cabrera

Où il est question de voix

Faire résonner des films les uns avec les autres, penser leurs liens, creuser une thématique grâce au cinéma documentaire : c'est le but des « Escales » sur la plateforme en ligne Tënk.
De Maurice Pialat à Dominique Cabrera, en passant par Mehdi Benallal, Martina Magri et le collectif Mohamed, Tënk vous propose d'écouter ces banlieues qui se racontent autrement. S’attachant aux paroles – autant qu’aux silences – de leurs habitants, cette escale découvre d’autres récits dans les plis d’une histoire bien souvent convenue, contenue, des périphéries.

Découvrir l'Escale « Banlieues chéries » sur Tënk

Focus sur la sélection de courts métrages

Faire entendre les quartiers populaires, sortir des cadres de représentation et des discours dominants pour montrer la complexité des réalités, souligner les dynamiques de résistance et de réinvention sociale, partager la pluralité des expériences individuelles ou collectives c’est bien là tout l’enjeu de cette sélection. Écouter ces banlieues qui se racontent autrement. Accueillir ces voix d’hommes, de femmes et d’enfants, celles qui rappellent et celles qui se rappellent, celles que l’on tait et celles qui se sont tues. Les mots et les silences.

Distinguer la parole, c’est ainsi sortir du fantasme d’une masse homogène et anonyme, invisible dans son quotidien et pourtant menaçante, d’une marge qui ne serait que précarité sociale, délinquance, tensions communautaires, en ignorant la somme des vies qui en font la richesse.

Réalisé en 1960 par Maurice Pialat L’amour existe confronte aux souvenirs heureux des bords de Marne le temps des « casernes civiles » et du « parachèvement de la ségrégation des classes ». Poème filmé à la première personne, ce court métrage inaugural énonce comme il dénonce l’aliénation des banlieues nouvelles et la précarité de vies reléguées auxquelles il fait aussi hommage.

« Petite ville, petite bourgeoisie, lignes droites ». Dans Bois d’Arcy, Mehdi Benallal fixe les paysages de son enfance - rues désertes, parkings, immeubles, nature environnante que troublent à peine le chant d’oiseaux, quelques voix, un chantier - qu’il commente, interrogeant ses souvenirs jusqu’à faire ressurgir l’expression d’un racisme ordinaire dont les murs se font parfois encore l’écho.

Il est encore question de souvenirs, de traces aussi, de leur persistance et leur effacement, dans Chronique d’une banlieue ordinaire. Ici Dominique Cabrera tord les clichés pour nous partager l’intime de familles et leur vie passée au val Fourré. Difficultés, mais aussi rêves, joies et solidarité dans cette cité HLM condamnée à destruction.

Créé à la fin des année 1970 par de jeunes habitants d’Alfortville et Vitry, le Collectif Mohamed s’inscrit dans une volonté de réappropriation de la parole. Zone immigrée recueille le témoignage d’habitants de la cité Jean Couzy après l’agression d’un jeune par un chauffeur de bus. Dans un dispositif inédit, le collectif livre un récit de l’intérieur, document brut et politique, qui questionne les causes et les effets de la violence. 

Avec La tentation de la forteresse Martina Magri interroge, par l’image, la construction du périphérique parisien, cette ligne de fracture qui, élevée sur les anciennes fortifications de la ville, dessine un centre et sa marge. Les visages et corps figés des ouvriers, étrangers ou immigrés, presque fantômes, racontent en silence l’invisibilisation de ces bâtisseurs dont il ne reste nulle trace sinon ces photographies.

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