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Changer de regards sur l'immigration en France

À l'occasion de l'ouverture du nouveau Musée de l'histoire de l'immigration, le Palais de la Porte Dorée a fait appel à l'institut d'études Occurrence afin de sonder un panel de 1000 personnes sur leur vision de l'immigration en France. Une étude édifiante et inédite qui reflète une méconnaissance du sujet et une corrélation entre information et opinion.

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Public dans l'exposition permanente
La nouvelle exposition permanente du Musée.
Photo : Anne Volery © Palais de la Porte Dorée, juin 2023

Et si l’on pouvait parler de l’immigration différemment ?

L’ambition de cette étude est de proposer un autre regard sur l’immigration. Pour cela, des questions inédites ont été posées, en veillant à combiner des questions de connaissance et des questions d’opinion afin de mettre à jour l’existence ou non d’une corrélation entre les deux.

En proposant une image fiable et équilibrée des perceptions des Français, l'étude permet d’identifier les communs possibles en France et ouvre un chemin de connaissance et de solutions.

1 sur 1000 !

Sur l’ensemble de l’échantillon interrogé de 1000 Français, seul 1 Français a su répondre correctement aux 6 questions de connaissance sur l’immigration. À l’autre extrémité, 13% se trompent sur les 6 questions posées.

Ces résultats indiquent que pour la majorité des répondants les immigrés seraient :

  • plus de 20% de la population (contre un peu plus de 10% en réalité) ;
  • à 80% issus de pays hors Europe (contre 70 à 80% dans la réalité) ;
  • en très grande majorité des hommes (alors qu’un immigré sur deux est une femme) ;
  • à 80% sans diplôme (alors qu’ils sont plus de 40% à disposer d’un niveau BAC ou plus).

La majorité des répondants a par contre une bonne perception de la part de la population française issue de l’immigration (entre 1/4 et 1/3 des Français) et de la proportion d’unions mixtes en France aujourd’hui (entre 10% et 20%).

Selon la même logique, quand on demande spontanément aux Français quel mot ils associent à l’immigration, ils répondent massivement  « étranger », preuve de la confusion originelle entre immigré et étranger.

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Immigré / étranger
"Quand vous entendez le mot « immigration », quels sont les 3 mots auxquels vous pensez spontanément ?" Le mot «étranger» remonte majoritairement. Celui-ci est associé à des mots liés au contexte de départ du pays d’origine comme "Guerre", "Pauvreté", "Travail".
Changer de regards – Étude sur l’immigration | Mai 2023
© Occurrence pour le Palais de la Porte Dorée

La corrélation entre connaissance et opinion

Aux 6 questions de connaissance se sont ajoutées des questions d'opinion. Afin de comprendre la relation entre ces deux facteurs, les réponses ont été comparées pour parvenir à une conclusion : il existe une forte corrélation entre la méconnaissance de l'immigration et l'image négative que l'on en a.

62%

des Français considèrent qu'il y a trop d'immigrés en France  mais le « oui » atteint 73% pour les Français qui se trompent sur les 6 questions de connaissance.

47%

des Français considèrent que l'immigration est une chance pour la France mais seulement 32% des Français qui se trompent sur les 6 questions de connaissance le pensent.

66%

des Français approuvent l’affirmation « L’Histoire de la France s'est construite en partie grâce à l'immigration », mais uniquement 55% parmi ceux qui se trompent sur les 6 questions de connaissance.

L’étude met donc en lumière un lien de corrélation majeur et constant entre connaissance et opinion : moins on connaît l’immigration, plus on la considère négativement.

On peut alors raisonnablement penser que plus la connaissance progressera, plus les opinions négatives régresseront.

L’étude apporte d’ailleurs un début de solution : seuls 22% des Français considèrent que "L’immigration est un sujet sur lequel on est bien informé en France", qu'ils aient une opinion positive ou négative sur l'immigration.

Une opinion sur l’immigration plus apaisée que craintive

L’étude donne à voir une France plus paradoxale et plus apaisée vis-à-vis de l’immigration que celle dont on parle habituellement.

À l'affirmation « L’histoire de la France s'est construite en partie grâce à l'immigration », les Français sont très majoritaires à répondre « oui » (66%) et le mot « grâce » ne semble pas y contrevenir.

Mais à la question « L’immigration est-elle une chance pour la France ? », seuls 47% des Français répondent « oui », avec tout de même 63% des 18-24 ans mais paradoxalement seulement 58% des Français ayant une ascendance immigrée.

« L’histoire de la France s'est construite en partie grâce à l'immigration »

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Grace à l'immigration

« L’immigration est une chance pour la France »

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L'immigration est une chance

Une vision de premier cercle

Au lieu de proposer une vision macroscopique de l’immigration, l'étude fait surgir une autre façon de l'envisager en faisant appel à la notion d'immigration "des premiers cercles" (voisinage, cercle familial, amical ou du travail) et en obligeant à répondre à des questions construites en binômes.

« Avez-vous des personnes issues de l’immigration dans votre cercle familial, amical, dans votre entourage professionnel et dans votre voisinage ? » et à chaque fois une question en miroir : « Est-ce que cela constitue un enrichissement pour vous ? ».

Sans surprise, mais de manière massive, l’étude montre le côté enrichissant de l’immigration de ces premiers cercles : 73% pour la famille, 67% pour les amis, 61% pour l’entourage professionnel (mais seulement 47% pour le voisinage). Le « vivre ensemble » semble être majoritairement enrichi par les personnes issues de l’immigration, hors voisinage.

L'étude s'intéresse aussi à la perception de l’intégration dans le tissu économique français : une forme de consensus apparaît sur l’indispensable rôle économique des personnes issues de l’immigration en France.

Les enseignements de l'étude

Si l’immigration apparaît toujours comme un sujet qui divise la France, une fois détourée l’opinion d’environ 15% (et pas plus !) des Français qui sont dans une position radicale (qui répondent « non pas du tout » à presque toutes les questions de l’étude + « méconnaissent » les faits et les chiffres sur l’immigration), apparaît alors une France qui peut avoir une vision pacifiée, voire réparatrice sur les sujets de l’immigration, qui reconnait le besoin d’une meilleure information sur l’immigration et entrevoit une dimension enrichissante et pas seulement obscure à l’immigration.

Changer de regards – Étude sur l’immigration | Mai 2023
Rapport et analyse complète. Cabinet Occurence.
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4 questions à Assaël Adary, directeur du cabinet d'études Occurrence

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Assaël Adary
Assaël Adary, directeur général de l'institut d'études Occurrence

Pourriez-vous nous donner quelques éléments de contextualisation de l’étude ?

Nous souhaitions réaliser une étude d’opinion différente, à l’image du parcours du nouveau Musée de l'histoire de l'immigration. Placer au cœur le savoir et la connaissance comme le parcours place les faits, la science et les dates au centre de son dispositif. Nous avons donc, et c’est inédit, posé des questions de connaissance aux Français et pas uniquement des questions d’opinion.

Quelles raisons vous ont décidé à vous investir dans ce projet ?

Ce projet s’inscrit dans une démarche de mécénat de compétences, un mécénat de cœur, qui a été initié il y a de nombreuses années avec Hélène Orain, poursuivi avec Pap Ndiaye et qui continue de manière enthousiaste avec Constance Rivière.

Comment est envisagée l’évolution de l’enquête ?

Nous souhaitons donner plus d’ampleur à la diffusion, à la médiatisation de cette étude. Elle pourrait devenir un baromètre tous les deux ans par exemple. Il faut du temps pour faire bouger les lignes sur la question de l’immigration.

Pensez-vous qu’un sondage peut contribuer à une prise de conscience collective d'un manque de connaissances sur le sujet de l’immigration ?

Je veux y croire. Si l’on fait bouger ne serait-ce qu’un peu les lignes, ce sera une grande réussite. Cette étude montre que l’on peut identifier des espaces de consensus, des espaces où le dialogue et l’écoute sont possibles, des espaces de quiétude sur la question de l’immigration et ça, pour moi, c’est déjà une réussite.