Entretien avec Margot Boulet et Damien Roget
Margot Boulet et Damien Roget, membres de l'équipe de France de para aviron et de para volley reviennent sur les moments les plus marquants de l'histoire des Jeux Olympiques et sur la place de l'handisport.
Depuis les premiers Jeux, quelle édition ou quel moment vous a marqués ?
Margot Boulet : J’ai en tête les Jeux de Berlin en 1936 et l’image de Jesse Owens faisant un tour d’honneur avec son adversaire au saut en longueur, l’Allemand Luz Long. Ce moment a provoqué l’indignation des cadres nazis et d’Hitler. J’aime l’image de ce respect mutuel qu’on trouve dans le sport, même dans un contexte aussi tendu que celui-là.
Damien Roget : Et moi les poings levés de Tommie Smith et de John Carlos aux JO de Mexico en 1968. Quel courage !
Plus de 200 000 athlètes ont participé aux JOP depuis leur création. Parmi eux avez-vous un modèle, une figure inspirante ?
M. B. : Je pense à Abebe Bikila, athlète éthiopien courant pieds nus et vainqueur surprise du marathon aux Jeux de Rome (1960). Il était loin d’être le favori. On pense souvent que pour faire du haut niveau il faut être équipé comme un porte-avions ! La victoire de ce marathonien devenu un héros national a prouvé le contraire, qui plus est dans un pays qui était l’ancienne puissance coloniale de l’Ethiopie.
D. R. : Sur un plan purement sportif et inclusif, j’étais épaté par Oscar Pistorius. Ce coureur sud-africain né sans péroné a été le premier athlète amputé qualifié pour les JO en 2012. Sur ses lames en carbone il a couru le 400 mètres avec les valides. C’est un symbole fort.
Quels sont pour vous les enjeux majeurs de Paris 2024 ?
D. R. : Pour la première fois à Paris, les Jeux Olympiques et Paralympiques partagent le même symbole. J’espère donc que cette édition donnera un coup de projecteur sur l’handisport. En natation notamment, la bataille paralympique est magnifique car les épreuves opposent des athlètes aux physiques et aux handicaps très différents. Cela rend le spectacle très beau. Et rappelle que 80% des handicaps sont invisibles.
M. B. : Il aura fallu attendre Paris 2024 pour que la parité femmes-hommes soit respectée aux JOP. Enfin ! J’espère que c’est définitivement acté. L’autre enjeu pour moi c’est celui de l’environnement. Comment organiser de grandes célébrations comme celle-ci en pensant et en réduisant leur impact sur la planète ? Enfin, parce que la sédentarité est un souci de santé publique, j’aimerais que les JOP sensibilisent aux bienfaits du sport. Y compris pour des personnes qui se pensent abîmées car touchées par un handicap.