Au milieu des terres
Comment pense la méditerranée ? Quelle personne serait-elle sur scène ? Quels corps ? Quels sons ? Quelles langues ? Que raconte-t-elle de ces territoires bouleversés, à construire ?
La compagnie de théâtre le GdRA invite plusieurs artistes et scientifiques à traduire une Méditerranée plurielle sur scène. Ensemble, ils en deviennent les parlantes et parlants.
La Méditerranée parle. En arabe, italien, occitan, français, en fière non-humaine, elle vit ses paysages et ses eaux. Elle délivre une parole sur le littoral, la techno croate, les oliviers, l’acidification et les plastiques. Elle prend les corps de Mounâ, Enza, Chloé, Mondher, Cristòl... Elle rayonne, danse, chante, joue, raconte. Elle vient de Carthage mais court à Lausanne, a grandi à Tunis puis à Marseille. Depuis les plages de Torchiarolo, elle voit l’Albanie et l’île de Corfou où elle a toujours habité. Ayant bien failli mourir en lac étouffé, elle fut Mésogée, au milieu des terres, il y a 245 millions d’années. Elle regarde ces humains qui la nomment et qu’elle a vu naître en ses rives. Elle accompagnera leur crépuscule. « Voudraient-ils faire de moi un cimetière ? ». En sa chair géologique, elle restera le théâtre de soulèvements, de morcellements et de métamorphoses, encore pour 20 millions d’années.
Conçu par le collectif Scale, un dispositif de néons robots à leds personnifie la mer, varie les éclats, abyssaux, spectraux, clairs, puis le noir profond et la lueur soudaine d’un blanc vif. Avec la chorégraphie de Julien Cassier, les acrobates danseuses Mounâ Nemri et Chloé Beillevaire déchirent l’espace d’une vague ou d’une ondulation. Enza Pagliara prête sa voix et sa langue des Pouilles italiennes à la mer. Depuis les plages occitanes, Christophe Rulhes exprime des paysages sonores marins. Mondher Kilani, anthropologue suisse de Tunis, donne sa biographie de voyage à la Mer. Avec Catherine Jeandel océanologue et Christophe Rulhes, ils sont les auteurs du texte prononcé par la mer elle-même, al-Bahr al-Abiadh al-Mutawassatt : la mer blanche du milieu.
« Conçue il y a 245 Millions d’années, avec les Alpes
je suis née il y a 80 Millions d’années, Mésogée
secousses tectoniques non calmées
rapprochement de l’Afrique et de l’Europe
je suis la sœur des Alpes
je suis la sœur des Pyrénées, de Gavarnie
je suis au milieux des terres »
Teaser du spectacle
Le GdRA
Le GdRA est une compagnie de théâtre fondée en 2007 par l’anthropologue, auteur, metteur en scène et musicien Christophe Rulhes et l’acrobate, chorégraphe et scénographe Julien Cassier. Ils associent à leurs spectacles circassiens, comédiens, plasticiens, danseurs, musiciens, artistes numériques, réalisateurs d’images filmées, chercheurs et universitaires. Ils ont ainsi accueilli en leur collectif des artistes francophones mais aussi venant de Finlande, d’Israël, de Madagascar, d’Afrique du Sud, du Japon. Depuis ses débuts, le GdRA cherche un théâtre de la personne et du témoignage direct, en conviant parfois des amateurs ou des professionnels « experts d’un vécu » particulier au plateau.
Selon l’œuvre à faire, le GdRA compose ainsi un groupe à la croisée des disciplines, des langues et des identités pour un jeu à l’adresse frontale et spontanée. Les textes de Christophe Rulhes et les chorégraphies de Julien Cassier s’élaborent depuis l’enquête auprès du public et du réel, nourris par le regard et l’expérience, la prise de notes, d’image, de dessins, de photographies et de films. Ce théâtre de la participation forte de l’interprète ou du témoin, trouve une inspiration dans les arts politiques la philosophie pragmatiste.
Enza Pagliara
Enza Pagliara est issue du mouvement qui, au milieu des années 1990, a mis au jour les merveilles des vocalités du Salento. Elle est une star de « la Notte de la Taranta » la fête de la Pizzica, mais elle est aussi l’enfant de cette Méditerranée contrastée, jamais totalement apaisée, où humains et non-humains sont confrontés à la disparition. Elle y affirme une voix féminine, déterminée et singulière, celle d’une musicienne avant tout. Avec ses différents groupes, elle tourne dans le monde entier et incarne une grande voix internationale « des musiques du monde ».
Mounâ Nemri
Artiste polymorphe née en Tunisie et ayant grandi entre Carthage, Lyon, Bruxelles et Toulouse, Mounâ Nemri aime se dire comme née ailleurs. En 2011, après une licence info-com elle se forme aux arts du cirque à Lyon, puis décide en 2014 de suivre la formation professionnelle du Lido Centre des Arts du Cirque de Toulouse. Elle embrasse la pluridisciplinarité de cette école et en 2016, elle crée sa compagnie La NOUR. Elle devient en 2021 artiste associée à La Grainerie Fabrique des Arts du Cirque de Toulouse Métropole.
Chloé Beillevaire
Née en 1989 en France, Chloé Beillevaire se forme d’abord au Conservatoire de Lille en danse contemporaine et classique et poursuit en 2008 son apprentissage au C.N.S.M.D de Lyon. En 2011, elle commence sa carrière d’interprète notamment au sein de plusieurs compagnies. Elle intègre en 2013 la compagnie bruxelloise Ultima Vez – Wim Wandekeybus pour deux créations : Speak low if you speak love et Spiritual Unity. Elle fait ses débuts en tant que chorégraphe en montant la compagnie Nosaltrès en 2013. Elle élabore avec Maily Nguyen un premier duo Ambages puis la vidéo-danse Cathedra. Depuis 2015, Chloé Beillevaire travaille sur différents projets avec Natalia Vallebona, notamment The Shadow of the South. Elle rejoint le GdRA pour Selve en 2018.
Catherine Jeandel
Elle est océanologue géochimiste, directrice de recherche au CNRS et travaille au Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales de Toulouse. Initiée très jeune au milieu marin des rivages de la Bretagne du nord, Catherine Jeandel, en dépit de son désamour pour les mathématiques, poursuit son rêve d’enfance de devenir océanologue. Elle effectue sa thèse et son post-doctorat en géochimie marine, à une époque où la discipline était balbutiante et intègre le CNRS en 1981. Elle est une voix internationale de la défense des milieux marins, membre du Groupe de Travail sur l’Anthropocène dépendant de la Commission Internationale de la Stratigraphie.
Mondher Kilani
Né en Tunisie, teinté par la diversité culturelle dans laquelle il grandit entre ses ascendances andalouse et soufie, la langue et l’école française, l’islam et le judaïsme, Mondher Kilani quitte la Tunisie en 1967 pour fuir le régime autoritaire. Il poursuit des études puis une carrière d’anthropologie en Europe. Professeur honoraire à l’UNIL de Lausanne, il continue à enseigner et à donner des conférences dans plusieurs pays, notamment du bassin méditerranéen. Il a eu pour terrains de recherche la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Tunisie, la Suisse, le Niger, la Malaisie. Très largement publié en plusieurs langues, il est notamment l’auteur de « Du Goût de l’autre. Fragments d’un discours cannibale » (Paris, Seuil, 2018).
Le collectif Scale
Scale est le nom d’un réalisateur artistique derrière lequel se cache plusieurs personnalités en provenance d’horizons professionnels et esthétiques très différents mais complémentaires. Aujourd’hui l’équipe de Scale se compose de 10 membres basés à Paris. Au service d’une proposition artistique, Scale œuvre en motion design, recherche, développement, mapping, design led, interactivité, robotique, programmation et crée des dispositifs de lumière particulièrement narratifs, montrés dans le monde entier au fil d’installations, d’expositions, de concerts, de spectacles.
Conception & mise en scène : Christophe Rulhes
Chorégraphie & conception : Julien Cassier
Dramaturgie : Christophe Rulhes avec des textes de Catherine Jeandel océanographe et Mondher Kilani anthropologue
Créé et interprété par :
Chloé Beillevaire : danse et texte
Mondher Kilani : texte
Mounâ Nemri : acrobatie, danse et texte
Enza Pagliara : texte, musique et chant
Christophe Rulhes : musique
Création musicale : Christophe Rulhes & Enza Pagliara
Scénographie et création lumière : Collectif Scale & le GdRA
Création son : Pedro Theuriet
Régie générale & lumière : David Løchen
Costumes : Lucie Patarozzi
Administration : Frédéric Cauchetier
Production, diffusion et relations presse : AlterMachine / Elisabeth Le Coënt
Production : Le GdRA
Coproduction : Les 2 Scènes – Scène nationale de Besançon, Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie / La Brèche à Cherbourg et le Cirque Théâtre d’Elbeuf, La Verrerie - Pôle national Cirque Occitanie Alès
Avec le soutien de : L’Usine - Centre national des arts de la rue et de l’espace public, La Grainerie - Fabrique des arts du cirque de Toulouse Métropole, le Théâtre Garonne Scène européenne de Toulouse Métropole.
Le GdRA est conventionné à la DRAC Occitanie, reçoit les aides à la création de la Région Occitanie et du département de la Haute-Garonne, bénéficie de l’aide au fonctionnement de la ville de Toulouse.